Quelle stratégie, et quels moyens mettre en œuvre contre l’érosion côtière en Nouvelle-Aquitaine ?
A l’heure de la COP26, élus et scientifiques de la zone s’attendent, alors que les modèles promettent une augmentation de cette érosion dans les années à venir, notamment due au climat.
Nicolas Catay, directeur du GIP Littoral Nouvelle-Aquitaine, a déclaré : « C’était le calme avant la tempête.
L’ingénieur risques côtiers de l’Observatoire du littoral de Nouvelle-Aquitaine et du BRGM, Alexandre Nicolae, a tenu à rappeler que l’érosion atlantique est « avant tout un phénomène géologique ».
« L’érosion côtière remonte à la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ dix-huit ans. Depuis lors, les rivières ont transporté moins de limon et l’apport de sable a également diminué.
« Des situations très problématiques dans le Nord-Médoc »
Dans un mouvement de renouvellement perpétuel, le sable charrié les cours d’eau arrivent au niveau de l’estuaire de Gironde, et descendent le long des 230 km de vers le sud du golfe de Gascogne, jusqu’au canyon de Capbreton où il est “aspiré”.
« Ou, la source en provenance des massifs montagneux tarit, et, par conséquent, le stock de sable sur Côte diminué, c’est ce qui a provoqué l’érosion, la Gironde en première ligne » poursuit l’ingénieur.
Près de 6.000 logements menacés
A ce phénomène naturel, “il faut ajouter des hommes, car la construction de barrages sur les cours d’eau réduit la circulation des sédiments”, poursuit l’ingénieur. S’il est difficile de quantifier l’effet du réchauffement climatique sur l’érosion, “les tempêtes hivernales deviennent de plus en plus fortes et le niveau de la mer va probablement monter un peu plus haut à partir d’ici. D’ici 2050″, de nombreux signes nous laissent à penser que vers une érosion accélérée”.
A l’échelle de l’Aquitaine précédente, 5 800 logements sont menacés de décroissance du trait de côte d’ici 2050, « si on ne prend pas en compte les politiques de protection ou de conservation, et si on les prend en compte », explique Nicolas Castay.
Rechargements en sable
La Gironde pourrait être, ces prochaines années, le département le plus touché par l’érosion.
« Dans le Nord-Médoc , on connaît des situations problématiques, avec des reculs du trait de Côte de m par an, jusqu’à 10 m lors de certains », alerte Alexandre Nicolae Lerma.
En moyenne, le recul est de l’ordre de 2.5 par an sur la Côte girondine, et de 1.7 sur celle des Landes.
La communauté de communes des Grands lacs, dans les a établi sa stratégie en 2018, qui repos sur piliers : ” L’accompagnement des processus naturels, la lutte douce et l’étude de relocalisation de trois biens qui en première ligne à Biscarosse, le Grand Hôtel de plage et deux villas jumelles , menacés à relativement terme “, présente Vincent Bawedin, chargé de mission pour gestion du trait de Côte à la communauté de communes.
La collectivité effectue des rechargements en sable de la plage depuis 2001 déjà.
« Sans cela, il y a fort à parier ces bâtiments ne devraient plus en place, et que la population ne pourrait plus profiter d’une station balnéaire aussi l’été », estime Vincent Bawedin.
La gestion flexible du littoral consiste à prendre le sable là où il en a le plus, à le remettre là où il en a le plus besoin, à éviter d’être emporté par les tempêtes hivernales », résume Alexandre Nicolae Lerma.
Racheter des bâtiments pour les reconstruire plus loin
Une gestion plus dure de la côte reviendrait à installer des digues en pierre. C’est ce qui a été ordonné par des propriétaires privés à Biscarosse dans les années 1980. « Mais cette digue se dégrade dans le temps, et une nouvelle digue permettrait, certes, aux trois bâtiments de rester en place, mais cela accentuerait l’érosion de part et d’autre, au point de menacer les parkings, ainsi que des commerces et des habitations à moyen terme », prescrit Vincent Bawedin. « On peut continuer à mettre des digues sur le front de mer, sauf que cela a des effets pervers bien connus qui sont de provoquer une accentuation de l’érosion au bord de ces zones aménagées, et de défigurer le paysage », assure Alexandre Nicolae Lerma.
C’est dans cette optique que la stratégie de la relocalisation est privilégiée à Biscarosse, pour les trois bâtiments concernés. L’idée aurait comme objectif de les racheter pour les reconstruire plus loin, au grand désarroi de certains propriétaires. « Ce n’est pas de gaieté de cœur, ni une lubie, mais il vaut mieux anticiper et relocaliser, plutôt que d’aller ramasser des débris de bâtiments sur la plage », formule Vincent Bawedin.
Plusieurs élus réclament un nouveau mécanisme de financement
La ville de Lacanau, en Gironde, a, elle, opté pour la fabrication d’un enrochement de blocs de pierre qui devrait fixer la dune sur 1 km jusqu’en 2050, avant d’enclencher le scénario de relocalisation des bâtiments du front de mer. « A chacun sa stratégie, estime pour sa part le directeur du GIP Littoral. Dans certaines situations, la protection reste la solution, comme à Lacanau, dans d’autres situations on envisage d’emblée la relocalisation, comme à Biscarosse, même si la phase d’acquisition est compliquée, car on ne sait pas comment financer. Prenez l’exemple de l’acquisition du Signal à Soulac, qui a pris un temps important. »
Députée (LREM) du bassin d’Arcachon, et présidente du bureau du Conseil national de la mer et des littoraux, Sophie Panonacle a partagé une tribune, mi-octobre, dans laquelle elle dénonce « un financement de l’adaptation des territoires littoraux au changement climatique qui se fait au compte-gouttes », au détriment de la nouvelle loi Climat et Résilience, promulguée cet été. « Aucune solution pérenne n’est amorcée pour répondre à un scénario de lutte active (protection dure) ou à un scénario de repli stratégique (relocalisation et renaturation) », regrette la députée. Plusieurs élus du littoral exigent aujourd’hui à l’Etat un nouveau mécanisme d’aide financier afin d’appuyer leurs stratégies.